Pour connaître (un peu mieux)

Michel Gonneville…

Depuis mon retour d’un séjour d’études en Europe (1975-1978), j’ai été actif comme compositeur, chargé de cours (Conservatoire de Rimouski, UdeM, U d’Ottawa), professeur (en composition et en analyse au Conservatoire de musique de Montréal, 1997 à 2015) et conférencier (Québec, Canada, Belgique, France, Mexique, USA); et, toujours en lien avec un milieu de la création musicale fréquenté assidument, comme coordonnateur d’évènements musicaux, animateur, auteur d’articles spécialisés dans diverses revues (notamment Circuit), collaborateur à la radio, membre de jurys (CALQ, CAC, SOCAN, Radio-Canada, etc) et d’organismes (SMCQ’ ECM+, Circuit, etc), co-fondateur et webmestre d’un site web de chroniques sur la création musicale (Cette ville étrange), etc.

En tant que compositeur, j’ai créé de nombreuses œuvres destinées au concert, et ce, dans tous les genres, écrites soit dans le cadre de commandes ou de projets personnels et destinées à, ou exécutées par des solistes ou groupes nationaux ou internationaux. En relation avec le présent projet, plusieurs de ces œuvres impliquent la voix, depuis les Trois poèmes d’Alain Fournier jusqu’à la Cantate de la dette perpétuelle et aux Chansons du Bonhomme de chemin en passant par les Microphone Songs. Certaines comportent des éléments de théâtralité et de spatialisation (Régions éloignées, HoMa, Cantate de la dette perpétuelle), ou une partie de traitement numérique du son (Régions éloignées, Microphone Songs).

J’ai aussi collaboré avec plusieurs artistes d’autres disciplines (danse, littérature, arts visuels, vidéo) sur des propositions artistiques conjointes : les cinq musiques composées pour les chorégraphies de Jean-Pierre Perreault et Catherine Tardif; le « drame de musique et de théâtre » Petit-Tchaïkovski, sur un livret d’Alain Fournier; les musiques pour deux vidéos d’art de Mario Côté; les compositions réalisées pour les symposiums d’art in situ de la Fondation René-Derouin; le conte musical pour enfants Gros Paul; etc.

Mon écriture musicale est caractérisée par une narrativité dramatique certaine, née d’un équilibre entre formalisme et expression. On peut entendre cette « dramativité » singulière s’incarner autant dans les œuvres de mon catalogue qui comporte une partie vocale, que dans celles qui, tout en étant conçues pour le concert, ajoutent des éléments de théâtralité à la performance musicale. En fait, je pourrais dire que les nombreux projets personnels, commandes ou collaborations multidisciplinaires qui jalonnent ma carrière, m’ont peu à peu rapproché de la forme contemporaine d’opéra que j’aborde maintenant.

Le spectacle issu de la cantate scénique Hozhro (pour soprano, saxophone soprano, quatuor à cordes et orgue microtonal pré-enregistré) est sans doute celui qui se rapproche le plus du projet de L’hypothèse Caïn. Présenté à la Fonderie Darling à Montréal sous forme de spectacle multidisciplinaire dans le cadre de MNM 2009, conçu avec la collaboration du vidéaste Mario Côté, de la chorégraphe Danièle Desnoyers et de l’architecte Pierre Thibault avec l’appui de nombreux partenaires, ce projet avait bénéficié de plusieurs subventions. Les années de préparation de cette production ont culminé avec 5 représentations, dont la dernière à guichets fermés, un CD de la musique sur étiquette Collection qb et un film sur le spectacle réalisé par Mario Côté et présenté au FIFA.

L’hypothèse Caïn est sans doute le plus ambitieux projet de ma carrière, par son ampleur. Mais il constitue aussi pour moi une occasion unique à la fois de proposer une réflexion sur un certain nombre de préoccupations universelles, et, simultanément, de continuer d’agrandir encore le champ d’une exploration personnelle du monde de la musique, entreprise il y a plus de 40 ans.

Ce double objectif est partagé par mes deux collaborateurs, Alain Fournier et Mario Côté, pour leurs domaines respectifs. Les séances de travail que nous avons eues depuis le début de ce projet, témoignent de notre envie de développer une vision artistique commune, forte et actuelle de la thématique traitée, et de la manière de la traiter.

Tous les partenaires de l’équipe (interprètes, techniciens, production) sont également conscients du défi technique et artistique que l’entreprise représente et ils savent que l’audace et l’ouverture à la découverte pour laquelle ils et elles sont réputé-es seront ici aussi de mise.

Enfin, le contexte de recherche d’Hexagram qui nous accueille si généreusement nous poussent à l’intégration prospective des équipements technologiques de pointe mis à notre disposition par cet organisme.

Michel Gonneville

février 2018